Thursday, August 10, 2017

 August 10, 2017         No comments

Ebook , by Yann Rivière

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, by Yann Rivière

Détails sur le produit

Format : Format Kindle

Taille du fichier : 3866 KB

Nombre de pages de l'édition imprimée : 576 pages

Editeur : Perrin (6 octobre 2016)

Vendu par : Amazon Media EU S.Ã r.l.

Langue : Français

ASIN: B01LYNGAM6

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Classement des meilleures ventes d'Amazon:

n°82.242 dans la Boutique Kindle (Voir le Top 100 dans la Boutique Kindle)

Yann Rivière est l’ancien directeur des études pour l’antiquité de l’Ecole française de Rome et est actuellement directeur d’études à l’EHESS. Son ouvrage monumental consacré à Germanicus est un chef d’œuvre d’érudition qui permet de renouer avec l’historiographie classique de Rome qui s’était un peu effondrée sous le poids d’ouvrages vulgaires au ton familier conçu pour un lectorat ad hoc. Au-delà de l’aspect biographique considérable du texte il s’agit surtout en vérité d’une formidable plongée au cœur du système du principat et de ses luttes intestines pour le pouvoir avec de très riches développements sur Auguste, Tibère, Drusus qui devraient ravirent tous les amateurs d’histoire romaine : j’ajouterais que bien que le texte soit de très haut niveau, il convient de saluer le talent de M. Rivière qui parvient, à mon avis à le rendre accessible à un très large public : en revanche fuyez les fausses recensions rédigées sur ce site en dix lignes par des imposteurs qui n’ont même pas dépassé la quatrième de couverture…Je vous offre au moins la garantie d’un recension de qualité universitaire qui elle seule possède une valeur pour un tel ouvrage.Germanicus se présente donc comme la biographie d’un prince romain, dont le portait d’époque en faisait déjà un parangon de toutes les vertus de la Rome antique, ce qui de prime abord pour un auteur moderne pouvait rendre la tâche difficile ou ingrate. Toutefois, l’épisode des mutineries des légions lors de sa mission en Germanie révèle bien des réalités. Les auteurs anciens idéalisent ce prince héritier qui n’a pas régné, mais il aurait aspiré comme son père Drusus l’Ancien, à rétablir la libertas (qui rappelons-le est la République Romaine c’est-à -dire uniquement un régime aristocratique ou le pouvoir est confisqué par des patriciens et de riches plébéiens). Bien sût il n’a pas soumis entièrement la Germanie, mais il était comme son père sur le point de la faire si une tempête en mer du Nord n’avait failli anéantir son armée au retour de la dernière expédition et si la jalousie de Tibère ou bien comme l’indique l’auteur « de justes préoccupations stratégiques » analyse que l’on peut rapprocher de celle de Pierre Laederich dans son ouvrage « les frontières de l’Empire » dans lequel à partir d’une analyse d’une même corpus, l’œuvre remarquable de Tacite, il apparait clairement que le jeune César accomplissait des opérations de dévastation des territoires germaniques, tuant massivement les populations, mais sans parvenir à progresser définitivement : c’est au moment où les pertes romaines commencèrent à croître au-delà du raisonnable, selon l’analyse de Tibère, qui avait été un général très compétent que Germanicus fut rappelé à Rome sous couvert d’y célébrer son triomphe. Cette explication rationnelle, ne possède nulle vocation à être incompatible avec l’hypocrisie et la malveillance de Tibère qui devint un empereur de plus en plus aigrie et acariâtre au fil du temps…Germanicus meurt le 10 octobre 19 ap JC persuadé d’avoir été empoisonné. Les membres de son entourage le croient également ou cherchent à s’en convaincre selon la formule de Yann Rivière afin de venger le héros en accablant son adversaire C. Calpurnius Pison ainsi que l’épouse de ce dernier Munatia Placina qui sont membres tous les deux de la plus haute noblesse, mai de Tibère pour le premier et confidente de Livie (femme d’Auguste) pour la seconde. La personnalité de Germanicus et son décès offre à l’historien un formidable champ d’investigation, comme l’indique l’auteur, « plus que jamais l’enquête historique semble se conformer aux exigences d’une investigation judiciaire, s’il est vrai qu’elle réponde l’une et l’autre aux exigences d’une inquisitio, à une préoccupation d’authentification des faits et d’identification des acteurs ». A deux millénaires de distance, l’histoire cherche d’abord à répondre à un souci d’exactitude en dépit de nombreux obstacles qui se présentent à elle. La principale préoccupation du livre consiste à confronter le personnage de Germanicus comme le présente les auteurs anciens à la documentation juridique et institutionnelle entourant sa mort et qui constitue un dossier épigraphique peut être sans équivalent pour la période concernée. Pour Yann Rivière, étudier la figure de Germanicus et le monde dans lequel il est né et a à peine eu le temps de parvenir à l’âge mur c’est l’Empire romain ; dans son ensemble, deux générations après le meurtre de César qu’il est permis de peindre : « en remontant le fil de son ascendance, ce sont les principaux protagonistes d’une guerre civile à l’échelle du monde romain dans sa dernière phase de conquête qui se trouve convoqué. En scrutant, la disparition accélérée de sa descendance en un demi-siècle d’intrigues de cour, c’est l’histoire de la première dynastie impériale (les Julio-claudiens) que l’on saisit… », en outre « en suivant la destinée du personnage au fil des 15 années de son action c’est l’exercice même de la domination impériale sur les trois continents riverains de la Méditerranée que l’on embrasse d’un seul regard ». Comme on le voit les ambitions de l’auteur son considérable et vont bien au-delà du simple Germanicus et en ouvrant cet ouvrage on s’embarque dans une merveilleuse odyssée historique riche en rebondissements de toute sorte.L’auteur donne une passionnante histoire de la construction de la maison de l’Empereur Octavien/Auguste qui correspond bien sûr à l’établissement du principat (31 à 18 av JC). Les combats de l’ère triumvirale ont duré 13 années avec des trêves qui étaient marquées par des alliances matrimoniales, depuis l’assassinat du dictateur à vie César le 15 mars 44 av JC et l’entrée en scène de son petit neveu et fils adoptif Octavien dans les mois qui ont suivi : treize années de meurtres politiques et d’affrontement sanglants à l’échelle de la Méditerranée toute entière. La question qui est alors posée à Octavien est celui du choix des institutions futures, l’historien Dion Cassius reproduit sous formes de dialogue (classique dans l’historiographie antique, et particulièrement présent chez le grand Thucydide dans son immortel ouvrage sur les guerres du Péloponnèse) ; la restauration de l’institution Républicaine qui correspond au fallacieux libertas aurait été défendu par Agrippa qui fut l’artisan de la victoire d’Octavien, tandis que Mécène, simple chevalier (Ronald Syme dans la Révolution romaine indique toutefois qu’il était d’ascendance royale) mais protecteur des arts et des lettres qui sera l’artisan infatigable et talentueux de la propagande d’Auguste (ce dernier le remerciera en le cocufiant…) aurait proposé un régime d’inspiration monarchique (on sait que l’institution monarchique est honnie à Rome depuis la chute de Tarquin le Superbe dernier roi étrusque de Rome). Une solution est esquissée en 28 av JC, puisque Octavien décide de frapper de nullité les actes du triumvirat et le 13 janvier 27 av JC alors qu’il exerce le consulat pour la septième fois, Octavien se rend au Sénat pour annoncer qu’il remet au sénat et au peuple romain le gouvernement de toutes les provinces et le commandement des armées qui y sont stationnées : à juste titre Yann Rivière parle de « comédie » le Sénat dont la composition a été transformé en profondeur proteste de son incapacité à gérer une situation ou Octavien apparaît comme le seul garant de la paix civile et lui propose de conserver le commandement des armées et de conserver la première place dans l’Etat (princeps) ; bien sûr aucun tribun de la plèbe, revêtu de la sacrosainteté et de la capacité d’opposer un veto à un décision du consul en fonction n’intervient. L’intervention d’Octavien est d’une formidable hypocrisie puisque il dispose à Rome d’un pouvoir considérable qui s’appuie sur les troupes de Prétoriens qui campent à proximité de la Ville et de toute façon il s’est taillé au sein de l’armée une vaste clientèle de vétérans qui sont tout disposer à reprendre les armes pour protéger Octavien et surtout leurs propres intérêts. Octavien ne souhaite pas que son statut puisse s’apparenter à celui d’un monarque, en revanche il « accepte » que lui soit confié pour une durée de dix ans un commandement militaire (imperium) sur un domaine étendu, une provincia qui rassemble l’essentiel des forces armées ou la défense de l’Empire est en jeu : Espagne, Gaule, Syrie, Cilicie, Chypre et bien sûr l’Egypte indispensable à l’annone de Rome puisque il s’agit du grenier à blé de l’Empire avec quelques légions moins nombreuses en Macédoine ; Illyricum, Pamphylie et Afrique et en outre Octavien devient Imperator Caesar Augustus. En 23 av JC après avoir fait face à une conjuration et surmonté une grave maladie à laquelle il ne penchait pas échapper, il laisse son sceau à Agrippa et transmet ses carnets sur l’état de l’Empire au consul Cn Calpurnius Pison (le père de l’adversaire de Germanicus), Auguste obtient après avoir abdiqué ses pouvoirs une refonte de ceux-ci : il reçoit la puissance tribunicienne qui lui confère l’inviolabilité de sa personne et le droit de venir en aide judiciairement aux citoyens, deux compétences qui depuis les origines de la République Romaine caractérisaient les tribuns de la plèbe (tribunat potesta) qui lui confère le droit de convoquer le Sénat et le peuple de Rome, sans compter le renforcement de l’Imperium qui est au moins égal ou supérieur à celui octroyé aux proconsuls et qu’il n’est point obligé d’abandonner, comme cela était la règle, dans l’enceinte sacrée de la Ville le pomerium : on voit très bien que le pouvoir personnel d’Auguste est devenu de plus en plus puissant et qu’il paraît évident qu’il s’agit d’un pouvoir d’essence monarchique, selon la belle formule de Yann Le Bohec (géopolitique de l’Empire Romain) : « l’Empire romain est une monarchie absolue tempérée par l’assassinat ». Par ailleurs le dernier triomphe célébré à Rome est celui du proconsul Cornelius Balbus, le 27 mars 19 av JC de retour de la province d’Afrique ou il a vaincu le peuple des Guaramantes. Après quoi sous le règne d’Auguste et de ses successeurs seuls les membres de la famille impériale, à commencer par Tibère en 7 av JC et en12 après JC puis Germanicus en 17 après JC auront le privilège d’un tel honneur, tandis que les autres généraux victorieux ne recevront plus que les ornements (ou insignes) du Triomphe.Auguste a pensé très tôt à la manière de faire persister le principat au-delà de sa simple personne, notamment en épousant Livie en 38 av JC, Auguste devint le beau-père des deux fils de cette dernière, Tibère et Drusus l’Ancien (père de Germanicus) : les deux frères pouvaient prétendre à une place importante dans l’Etat simplement sur la base d’une « parenté par alliance » avec Auguste. Le mariage de leur mère était important puisqu’il appartenait à la prestigieuse gens Claudia (qui donnera la filiation des empereur Julio-claudiens qui vont se succéder jusqu’à la mort de Néron). Il faut reconnaître que Tibère et Drusus allaient exceller dans le domaine militaire comme dans l’art oratoire à l’instar de leur père biologique Tib Claudius Nero. D’importantes intrigues de cours vont se dérouler jusqu’en 4 après JC au sein de la Domus Augusta, date de l’adoption imposée par Auguste à Tibère de Germanicus. Les intrigues opposaient deux puissantes gentes issus de la plus haute noblesse sénatoriale : la gens Julia et la gens Claudia et finalement ce jeu complexe des alliances matrimoniales qui fondent des dynasties paraissait trouver une réconciliation satisfaisante par le mariage d’Agrippine l’Ancienne (issue de la gens Julia par sa mère Julie) et de Germanicus (issus de la gens Claudia par son père Drusus).Les actions militaires d’Agrippa en Orient, d’Auguste en Gaulle et de Drusus et Tibère contre les peuples Alpins sont étudiées en détail dans le chapitre intitulé « De l’Avènement de l’Age d’Or ». L’expansion de l’Empire qui fut considérable sous Auguste est néanmoins ternie par deux défaites majeures en 16 av JC se produit le massacre de Lollius qui sera rapprochée par les Anciens de la défaite de Varus en 9 apr JC que des auteurs comme Suétone juge infamante et désigne sous le nom de Clades, le fléau, le massacre, la défaite sans appel, bien que la première causa moins de pertes que de honte, tandis que la seconde causée par l’incompétence de Varus et la trahison d’Arminius entraîna le massacre de la forêt du Teutoburg en trois jours de trois légions et de l’ensemble des auxiliaires. Le massacre du Teutoburg est indissociable de la geste militaire de Germanicus puisque l’Imperator conduisit plusieurs années de suite de réparer cette défaite des opérations militaires sur la rive droite du Rhin, avec un talent certain, dont des opérations combinées impliquant des débarquements massifs de troupes embarquées sur des navires : l’analyse de ces campagnes donnée par Yann Rivière est excellente, mais le texte que je préfère en l’occurrence est celui de Pierre Laderich qui par une exégèse de l’œuvre de Tacite montre que les campagnes de dévastation conduites par Germanicus, bien que permettant une destruction physique massive des Germains n’entrainaient aucun gain territorial tangible pour l’Empire…Les opérations militaires conduites par Tibère conduisent à une réhabilitation factuelle de cet homme dont le talent était bien réel et l’on peut dire que la prise en compte de cet actif permet mieux de comprendre son accession à la pourpre, sans compter qu’il fut d’une fidélité absolue à son frère Drusus qui combattit vaillamment en Germanie.On note avec beaucoup d’intérêts que Drusus conduisait des opérations qui étaient considérées comme de véritables « explorations » et que plutôt que de procéder en aveugle à une pénétration d’ouest en est les Romains préféraient utiliser les fleuves comme moyens de pénétrations plus sûrs pour éviter les obstacles naturels (même si cette stratégie trouvera elle-même des limites). Pour ce qui est du dessein impérial Romain souvent contesté (et brillamment étudié par Yann Le Bohec dans sous ouvrage de 2017 sur l’histoire des guerres romaines paru chez Tallandier) on observe que sans discuter de l’existence ou nom d’un projet géopolitique ou non Yann Rivière écrit en page 47 « au moment où Rome prétend à une domination universelle et où son empire est en expansion sur trois continents, comme en témoigne la fameuse carte d’Agrippa, elle sera exposé quelques années plus tard sur le Champ de Mars à l’intérieur de la Porticus Vipsannia… ». L’auteur note les travaux du géographe Strabon mais insiste sur le travail scientifique résultant des études conduites par les Etats-majors, ce qui tend bien à accréditer la thèse d’un projet impérial construit, certes de manière rudimentaire par rapport à notre conception de la géopolitique et de la stratégie, mais qui correspond bien à ce que Le Bohec reconnaît comme de plus en plus dominant à partir des guerres puniques, à savoir une volonté hégémonique dont Thucydide fut l’historien autant que le théoricien dans l’analyse du conflit qui conduisit Athènes et Sparte à s’affronter (et qui furent toutes les deux victimes de cette volonté de puissance, comme l’a surement été l’Empire Romain d’Occident, même si des facteurs plus complexes sont également à l’œuvre..).La mort en principe accidentelle de Drusus conduisit toutefois à faire redouter un meurtre dissimulé, dont l’instigateur aurait pu être Auguste lui-même, cette rumeur est née d’une volonté présumée de Drusus de restaurer la République, selon Suétone, Tibère lui-même aurait produit une lettre du défunt dans laquelle Drusus parlait ouvertement de sa volonté de « contraindre Auguste à rétablir la liberté » (liberté qui est seulement la traduction de Libertas qui renvoi seulement à un rétablissement du pouvoir aristocratique du Sénat) : toute autre interprétation est pure anachronisme. Toujours est-il que Tibère est frappé de disgrâce et trouve un exil modeste à Rhodes ou il aura tout le loisir de réfléchir à l’ingratitude d’Auguste qui paraît avoir déblayé le chemin pour ses deux fils par le sang Caius et Lucius…Mais voilà la disparition prématurée des deux héritiers impériaux conduit Auguste à rappeler Tibère qui retrouve sa place au plus haut niveau de l’Etat, qui hérite de nouveaux pouvoirs non seulement comme successeur désigné à l’âge de 46 ans comme fils adoptif du princeps, la formule d’adoption aurait comporté une clause dans laquelle Auguste stipulait « je fais ceci dans l’intérêt de l’Etat » : ces mots sont cités par un grand (ami) et admirateur de Tibère l’historien Velleius Paterculus (dont j’aime personnellement beaucoup l’œuvre qui a été traduite magnifiquement dans la collection des Belles Lettres en deux tomes, mais avec un appareil scientifique un peu trop guindé pour les néophytes ce qui est proprement stupide et n’a rien à voir avec l’érudition…), bien sûr si les qualités militaires et politiques de Tibère sont connues d’Auguste on comprend bien que ce dernier agit contraint et forcé par les évènements comme l’observe Suétone qui est un très bon historien lorsqu’il n’est pas occupé à médire sur les mœurs présumés dissolues des empereurs Julio-claudiens (ou même le grand Jules César est accusé d’avoir été giton du roi de Bithynie…) : toujours est-il que l’adoption de Tibère a lieu le 26 juin de l’an 4 de notre ère et n’est pas un acte isolé, puisque Tibère lui-même a été contraint d’adopter Germanicus (à mon avis c’est moins grave qu’il n’y paraît pour les historiens antiques, puisque Germanicus est le fils de son frère bien aimé Drusus l’Ancien, et que Tibère n’a aucune raison de lui en vouloir personnellement, de manière rationnelle en tout cas…). Toutefois, Auguste à bien verrouillé le dispositif dynastique qui doit assurer sa postérité puisque le jeune prince Germanicus a été adopté par lui aussi dans sa vingtième année et devient l’arrière-petit-fils de César et se nomme désormais Germanicus Iulius Caesar (Germanicus qui devint son prénom était à l’origine une distinction accordée par le Sénat lors du décès de son père.Les deux années qui suivent l’adoption, avant l’attribution de son commandement en Illyrie sont l’une des plus graves crises du régime avec de nombreux soulèvements dans les provinces avec des difficultés financières qui obligent l’empereur à trouver de nouvelles recettes impopulaires…L’étude des campagnes militaires de Germanicus est un modèle du genre, avec un chapitre consacré à la guerre en Pannonie ; le chapitre consacré à l’ascension d’un prince va du désastre de Varus à la mort d’Auguste en 14 ap JC et montre à quel point la défaite du Teutobourg a fait vaciller l’édifice impérial dans ses fondements, avec une vague de panique inconnue depuis le sac de Rome et les campagnes de Marius contre les Cimbres et les Teutons : on comprend très bien pourquoi les romains chercherons à tous prix à se venger des Germains et quelle sera la place de Germanicus.Germanicus va jouer un rôle majeur dans la mise au pas des légions lors de la double sédition en Illyrie et sur le Rhin, toutefois Germanicus va jouer sur la corde sensible de l’honneur et du repentir des mutins, là où l’Empire attendait une réaction plus musculeuse et on oppose à juste titre la fermeté et la cruauté du jeune Drusus, à la mollesse de Germanicus : finalement, dans une certaine mesure on peut penser que la clementia excessive de Germanicus met en doute la fermeté de son caractère et commence déjà à incommoder Tibère…Certes les légionnaires vont laver dans l’honneur leur sédition, mais il est certain qu’un empire comme celui de Rome ne peut pas se maintenir sans une main de fer.Germanicus va se rattraper lors des campagnes de Germanie et montrer à quel point il est un adversaire redoutable et impitoyable sur la période de 15-16 à 17 ap JC date de son triomphe à Rome : l’auteur mentionne une polémique lors de la récupération des dépouilles des légionnaires de Varus, Germanicus aurait été en contact direct avec les ossements, acte jugé impure par les Anciens, c’est vrai, personnellement j’y vois au contraire un acte très noble, par lequel Germanicus confirme sa virtu au sens romain c’est-à -dire sa qualité de grande serviteur de l’Etat en tant que soldat.Un excellent chapitre traite des évènements survenus à Rome en l’absence de Germanicus, avec notamment un tournant paranoïaque du principat de Tibère, cet homme toujours mélancolique dont les motivations paraissent toujours énigmatiques : celui-ci se met à user et surtout à abuser de loi le protégeant contre le crime de lèse-majesté ; il semble que le tournant tragique du règne de Tibère a été marqué par deux conjurations dont au moins l’une aurait été organisée par Tibère lui-même. Comme l’écrit merveilleusement bien Tacite dans les Annales « le premier acte du nouveau principat fut le meurtre de Postumus Agrippa » et pourtant alors que le nouvel empereur a commandité le meurtre il prétend désormais qu’il n’a donné aucun ordre et que l’assassin devra répondre de sa faute…Les conjurations se mollifient en apparence, notamment avec celle de Marcus Drusus Ilbo sur fond de monté en puissance du préfet du prétoire Séjan…Pendant ce temps Germanicus s’implique très peu dans la vie de la Domus Augusta et prépare surtout une nouvelle mission en Orient. Yann Rivière procède à un exposé merveilleux des affaires romaines dans cet Orient déjà tellement compliqué.La mission de Germanicus en Orient et son voyage en Egypte font l’objet d’un chapitre très dense ou sont intégrées des photographies de grandes qualités de pièces antiques.La mort de Germanicus, présumé avoir été empoisonné sur ordre de Pison est traité par un chapitre complet « La mort de Germanicus, la guerre civile de Pison et le retour des cendres (19-20 ap JC) » : Pison qui devait être son collègue sur le plan militaire s’est avéré être un homme taré qui n’a eu de cesse que d’affaiblir la position de Germanicus en refusant même de lui faire parvenir des renforts et la haine entre ces deux hommes était bien réelle : reste à savoir dans quelle mesure l’empoisonnement n’a pas été fabulé a posteriori pour glorifier le prince Germanicus au détriment du lâche et corrompu Pison : toujours est-il que Pison a exulté en public en apprenant le décès de Germanicus (rien de nouveau en politique même de nos jours…).Le chapitre consacré au retour de Pison à son emprisonnement et à son suicide jette un profond malaise sur le manque d’empathie de l’empereur Tibère à l’égard de Germanicus : on apprend aussi que Pison n’est pas poursuivi devant le Sénat de Rome pour le seul meurtre de Germanicus mais aussi et surtout pour des faits qui relèvent de la lèse-majesté… ce qui intéresse semble-t-il le plus Tibère est que pison est osé intrigué en permanence contre la personne su proconsul détenteur du commandement en Orient et donc contre la personne de l’empereur ; plus encore Pison est soupçonné d’avoir causé une guerre parthique et une guerre d’Arménie (mais comme le note l’auteur la documentation à charge manque) ; enfin last but not least, l’affaire de la bataille de Kelenderis est évoqué et cette fois Pison a armé des soldats romains contre d’autres soldats romains : le crime est donc celui terrible de guerre civile : la destruction de toute l’œuvre d’Auguste et de Tibère. Etrange affaire dans laquelle l’instruction se poursuit à la demande de Tibère après la mort de Pison et s’étend à sa famille : sur le plan du droit romain Pison est voué à une damnation mémoriel et sa représentation physique ne peut plus figurer dans la galerie (même privée) de ses ancêtres, d’une manière surprenante Tibère semble vouloir faire acte de clémence à l’égard de l’épouse de Pison qui est soupçonnée pourtant soit d’être une empoisonneuse soit d’avoir loué les services d’une telle personne : la plèbe ne comprend pas cette démarche et le verdict est donc remarquable, en page 397, « Pison est mort, les fils appellent la pitié , Plancina est inattaquable, deux lampistes seulement méritent officiellement un châtiment exemplaire. »On voit bien que Tibère est un homme bourré de contradictions. Le sort s’acharne sur les descendants de Germanicus avec l’extinction de ceux-ci et si Séjan n’est plus en mesure de conduire une réelle conjuration, il lui reste encore l’espoir de succéder à Tibère qui commence à avoir des doutes sur Séjan et considère que Caligula est en position de lui succéder, mais finalement la conjuration prêtée à Séjan est dénoncé par Antonia Minor veuve de Drusus l’Ancien : Séjan est arrêté et remplacé par une fripouille du nom de Macron (et oui déjà ) et finalement ce voyou aurait aidé Caligula à accéder à la pourpre en étouffant avec des oreillers un Tibère grabataire. Cela étant dit, Macron complotera aussi contre Caligula qui le fera exécuter…Bref un ouvrage formidable, un trésor d’érudition qui force très sincèrement l’admiration. Je recommande son achat et sa lecture par tous les passionnés d’histoire romaine.

Achat effectué après avoir participé à une conférence de l'auteur, très dense. L'ouvrage permet de resituer tout ce qui a été dit pendant la conférence, et beaucoup plus.

La mort de germanicus a tout fait basculer, s'il avait été empereur, pas de carnage, mais avec les jalousies en convoitises.......qui sait ?

Le livre peut séduire dans sa première moitié. Le récit est cohérent, les explications sont claires. Rien de fantaisiste. Une chose irritante et incompréhensible cependant, l’absence quasi systématique de références. Dans sa seconde moitié, l’auteur fatigue, dirait-on.Quelques exemples. Cette phrase p. 204 : « Les bellatores étrillent les chevaux... » Soit. Mais ici, il s’agit de cavaliers qui chargent ! ? On ne sait pas ce que l’auteur a voulu dire.p. 308 : « Réception houleuse chez le roi des Nabatéens ». Le récit comporte deux pages. Mais rien n’y est houleux. L’explication se trouve dans le sous-chapitre suivant (p.314).p. 318 : « C’est à cet endroit (Péluse) que repose la dépouille de Pompée. » Il faut s’entendre sur le mot dépouille car le cadavre de Pompée a été incinéré à Péluse et ses cendres remises à sa veuve qui les déposa dans un tombeau à Albe (Plut. Pomp. 80). Parlons plutôt de cénotaphe.p. 394 : « il lui est impossible … de chercher à confondre l’empereur en le confrontant à ses écrits… » S’agissant de ces écrits, Tacite précise bien qu’il ne peut rien affirmer quant à leur existence (Tac. Ann. 3.16.1). Des racontars de vieillards, sans plus.p. 426 : le titre « Tiberius Gemellus apprend à s’égorger » n’est pas des plus heureux. Il s‘agit ici de relater la mort de Gemellus ordonnée par Caligula. L’auteur privilégie la version de Philon d’Alexandrie (Leg. 30-31) sans mentionner celle pourtant différente, mais moins pathétique, de Suétone (Suet. Cal. 13).p. 441 : La mort d’Agrippine. Agrippine était une femme robuste, mais à ce point ! « L’un (des assassins) l’assomme d’un coup de bâton, l’autre la transperce de son glaive.» Et bien qu’assommée, Agrippine dit : « Frappe, Anicetus, frappe ce sein, il a porté Néron ! » La traduction de DC (61.13) est désuète (sein pour ventre). Le récit de Tacite est plus vraisemblable : le triérarque la frappe à la tête de son bâton, le centurion dégaine son glaive et Agrippine lui présentant son ventre dit : « frappe au ventre !» (Tac. Ann. 14. 8). Le livre se dilue dans la fin des Julio-Claudiens.Les notes sont reportées en fin de livre. L’indice onomastique est bien fait. Il y a un arbre généalogique, des cartes géographiques qui aident à la compréhension du texte, mais elles nécessitent une loupe, et quelques pages d’illustration au milieu du livre. Les références manquent presque constamment, celle de la p. 64 est erronée : Ars 1. 194 (et non 197), et celle de la p. 309 (Strab. 16.26) est incomplète (Strab. 16.4.26).Le livre reste néanmoins intéressant et sera lu avec profit par qui veut connaître ce Germanicus dont les Romains furent longtemps nostalgiques.

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